La transmission d’entreprises en France : un défi économique majeur
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- 03 Juin, 2025
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La transmission d’entreprises en France : un défi économique majeur
La France fait face à un véritable tsunami démographique dans le monde entrepreneurial. Avec 32% des chefs d’entreprise âgés de plus de 55 ans, notre pays se trouve confronté à un défi de transmission d’une ampleur sans précédent, aux conséquences économiques et sociales considérables.
Un écart préoccupant entre l’offre et la demande
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : chaque année, plus de 185 000 entreprises françaises sont potentiellement à céder. Pourtant, en 2024, seulement 55 000 transmissions ont effectivement eu lieu. Cet écart de plus de 130 000 entreprises révèle un dysfonctionnement profond du marché de la transmission, avec des répercussions majeures sur l’économie nationale.
Cette disparité s’explique par plusieurs facteurs structurels. D’une part, de nombreux dirigeants peinent à anticiper leur départ et à préparer la succession de leur entreprise. D’autre part, le manque de repreneurs qualifiés et financièrement capables constitue un frein majeur au processus de transmission.
Les enjeux économiques de la non-transmission
Lorsqu’une entreprise ne trouve pas de repreneur, elle risque la fermeture pure et simple. Cette situation représente une perte sèche pour l’économie française : destruction d’emplois, disparition de savoir-faire, perte de parts de marché et d’actifs productifs. Au-delà de l’impact direct, c’est tout un écosystème économique local qui peut être fragilisé par la disparition d’entreprises structurantes.
Les secteurs les plus touchés sont souvent ceux où l’expertise technique et les relations clientèle constituent le cœur de l’activité : artisanat, commerce de proximité, services aux entreprises, et certaines industries spécialisées. Ces entreprises, souvent familiales et ancrées dans leur territoire, représentent un patrimoine économique irremplaçable.
Les obstacles à la transmission
Plusieurs barrières complexifient le processus de transmission d’entreprise en France. La valorisation constitue souvent le premier écueil : les cédants surévaluent fréquemment leur entreprise, tandis que les repreneurs sous-estiment sa valeur réelle. Cette asymétrie d’information et d’appréciation complique les négociations.
Le financement représente un autre défi majeur. Malgré les dispositifs d’aide existants, de nombreux repreneurs potentiels manquent des fonds propres nécessaires ou peinent à obtenir les financements bancaires requis. Les établissements financiers restent prudents face aux risques inhérents à la reprise d’entreprise.
La dimension humaine ne doit pas être négligée. Pour beaucoup de dirigeants, céder son entreprise revient à se séparer de l’œuvre d’une vie. Cette dimension émotionnelle peut retarder la prise de décision et compliquer le processus de transmission, particulièrement dans les entreprises familiales où les enjeux relationnels se mêlent aux considérations économiques.
Les dispositifs d’accompagnement existants
Face à ces défis, les pouvoirs publics ont développé plusieurs outils d’accompagnement. Les chambres de commerce et d’industrie, les chambres de métiers et de l’artisanat, ainsi que Bpifrance proposent des services de conseil et d’intermédiation. Des plateformes de mise en relation entre cédants et repreneurs ont été créées pour fluidifier le marché.
Parmi les acteurs spécialisés, le réseau Transmettre et Réussir (https://transmettre-et-reussir.fr/) joue un rôle important dans l’accompagnement des transmissions d’entreprises. Ce réseau fédère des partenaires conseils experts qui interviennent à chaque étape du processus de transmission, depuis l’évaluation de l’entreprise jusqu’à la finalisation de la cession. Leur approche collaborative permet d’offrir un accompagnement personnalisé aux dirigeants et aux repreneurs, contribuant ainsi à réduire les freins à la transmission.
Sur le plan fiscal, plusieurs mesures incitatives existent : exonération partielle des plus-values de cession, crédit d’impôt pour les repreneurs, ou encore dispositifs de transmission progressive. Ces mécanismes visent à réduire le coût fiscal de la transmission, souvent perçu comme un frein par les acteurs du marché.
Vers une approche plus proactive
Pour réduire l’écart entre l’offre et la demande, une approche plus anticipative s’impose. La sensibilisation des dirigeants à la préparation de leur succession doit intervenir bien en amont, idéalement dès l’âge de 50 ans. Cette anticipation permet d’optimiser la valeur de l’entreprise et de préparer les équipes à la transition.
Le développement de l’entrepreneuriat par la reprise constitue également un levier important. Former et accompagner une nouvelle génération de repreneurs, notamment parmi les cadres expérimentés en reconversion ou les jeunes diplômés, pourrait contribuer à équilibrer le marché.
Un enjeu territorial et social
Au-delà des aspects purement économiques, la transmission d’entreprises revêt une dimension territoriale cruciale. Dans les zones rurales ou les bassins industriels en reconversion, la disparition d’entreprises faute de repreneurs peut accélérer la désertification économique. Maintenir le tissu entrepreneurial local devient alors un enjeu d’aménagement du territoire.
La transmission représente aussi une opportunité de renouvellement des pratiques managériales et d’innovation. Les nouveaux dirigeants apportent souvent une vision fraîche, des compétences digitales et une approche renouvelée des enjeux environnementaux et sociaux.
Conclusion
Avec plus de 185 000 entreprises potentiellement à céder chaque année et seulement 55 000 transmissions effectives, la France se trouve face à un défi majeur qui nécessite une mobilisation collective. Dirigeants, repreneurs, accompagnateurs et pouvoirs publics doivent œuvrer ensemble pour fluidifier ce marché stratégique.
L’enjeu dépasse la simple question économique : il s’agit de préserver un patrimoine entrepreneurial, de maintenir l’emploi et de perpétuer les savoir-faire qui font la richesse de notre tissu économique. Face au vieillissement démographique des dirigeants, l’urgence est réelle et appelle des réponses ambitieuses et coordonnées.
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