Transmission d’entreprises en France : 37 000 opérations en 2025, une reprise dynamique mais des défis persistants

Home
Transmission d’entreprises en France : 37 000 opérations en 2025, une reprise dynamique mais des défis persistants

Transmission d’entreprises en France : 37 000 opérations en 2025, une reprise dynamique mais des défis persistants

Contexte : Un secteur en pleine mutation

En 2025, la transmission d’entreprises en France affiche des signes encourageants après une période de ralentissement liée aux incertitudes économiques post-pandémie. Selon une étude majeure publiée le 13 juin dernier par Infogreffe en collaboration avec le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), 37 000 transmissions ont été enregistrées sur les douze premiers mois de l’année, marquant une hausse de 15 % par rapport à 2024. Ce rebond, amorcé dès 2022, reflète une dynamique retrouvée dans un contexte de relance économique et de vieillissement accéléré des dirigeants. Toutefois, cette progression s’accompagne de défis structurels qui menacent de limiter son ampleur à long terme.

La reprise depuis 2022 : Un redémarrage porté par la résilience des PME

Après un creux historique en 2021 (seulement 28 000 transmissions), les opérations de cession ont progressivement repris de la vigueur grâce à :

La stabilisation des marchés post-crise sanitaire, avec un regain de confiance chez les repreneurs.
Les incitations fiscales, notamment le maintien partiel du Pacte Dutreil (malgré les débats sur sa réforme en cours).
L’accompagnement renforcé des acteurs locaux (CCI, experts-comptables, plateformes de mise en relation).

En 2025, les secteurs des services, du commerce et de l’industrie concentrent à eux seuls 85 % des transmissions, avec des spécificités marquées :

Services (45 %) : Forte demande dans les métiers du numérique, du conseil et de la santé (ex. : cessions de cabinets médicaux ou de startups tech).
Commerce (30 %) : Rebond spectaculaire dans la restauration et le retail, porté par la reprise touristique et les mutations du e-commerce.
Industrie (25 %) : Transmissions de PME artisanales et de sous-traitants industriels, souvent liées à des regroupements sectoriels.

Défis majeurs : Pourquoi 40 % des transmissions échouent encore ?

Malgré ce dynamisme, l’étude Infogreffe souligne trois obstacles critiques :

1. Le manque de successeurs identifiés

Près de 60 % des dirigeants âgés de plus de 60 ans n’ont pas de projet clair de transmission, faute de candidats internes (famille, salariés) ou externes. « Beaucoup d’entrepreneurs reportent cette réflexion jusqu’à la dernière minute, ce qui réduit drastiquement leurs chances de trouver un repreneur », explique Sophie Leroy, économiste à la Banque de France.

2. Une complexité administrative persistante

Les délais moyens de finalisation d’une transmission atteignent 7 mois, contre 4 mois en Allemagne. Les causes ? Des procédures fiscales lourdes, des diagnostics juridiques incomplets, et une coordination insuffisante entre notaires, avocats et experts-comptables.

3. Des divergences sur la valorisation

35 % des dossiers échouent en raison d’un écart trop important entre le prix exigé par le cédant et l’offre du repreneur. « Les dirigeants surestiment souvent la valeur de leur entreprise, notamment dans les secteurs fragilisés par la transition écologique », note Louis MENARD, président du réseau Transmettre et Réussir.

Initiatives en cours : Comment les acteurs s’adaptent ?

Face à ces enjeux, plusieurs leviers sont activés :

La campagne nationale des CCI (octobre-décembre 2025) propose des ateliers gratuits pour préparer les transmissions, avec un focus sur les secteurs en tension (ex. : BTP, hôtellerie).
L’essor des plateformes digitales comme Transacq ou EntrepriseTrans facilite les mises en relation, avec +50 % d’utilisateurs en 2025.
Des expérimentations locales : En Occitanie, un dispositif pilote accélère les délais administratifs via un guichet unique dédié.

Perspectives 2025-2035 : Vers un pic historique de transmissions ?

L’étude anticipe une croissance modérée à 3 % par an jusqu’en 2030, portée par le départ à la retraite de la génération X. D’ici 2035, 500 000 entreprises (soit 15 % du tissu économique français) devraient être concernées, employant 3 millions de salariés. « Sans politiques proactives, des pans entiers de l’économie risquent de disparaître », alerte l’analyse Infogreffe.

Pour éviter ce scénario, les experts plaident pour :

Une simplification urgente des procédures fiscales et juridiques.
Un renforcement des dispositifs de formation des repreneurs (ex. : bourses dédiées aux jeunes entrepreneurs).
Une sensibilisation massive des cédants dès 55 ans, via des campagnes ciblées.

Conclusion : Une opportunité à ne pas manquer

Avec 37 000 transmissions en 2025, la France confirme sa capacité à relancer ce pilier essentiel de son économie. Toutefois, transformer cette tendance en succès durable exigera une mobilisation collective – entre pouvoirs publics, professionnels et cédants – pour surmonter les goulots d’étranglement actuels. Comme le résume Élodie Moreau, cheffe d’entreprise repreneuse dans le numérique : « Transmettre, c’est sauver un patrimoine humain et économique. L’enjeu n’est plus seulement financier, il est sociétal. »

Sources : Étude Infogreffe/CCI (13 juin 2025), entretiens avec des experts, données Banque de France.